A Capharnaüm, Jésus aime, prie et évangélise

Publié le par Père Louis de Villoutreys

5ème dimanche du Temps ordinaire - Année B (Mc)
Dimanche 5 février 2006


« Dieu est amour », tel est le début de la récente lettre encyclique de Benoît XVI adressée à toute l’Église sur l’amour chrétien. Et cet amour de Dieu nous est manifesté en la personne de Jésus. Jésus Christ est « l’amour incarné de Dieu », comme nous le rappelle le pape. Dans l’évangile selon Marc que nous venons d’entendre, est manifesté en Jésus, qui guérit une femme, la tendresse de Dieu.

 

Nous sommes donc à Capharnaüm, ville de Galilée au bord du lac de Tibériade, dans laquelle Jésus commence son ministère. Accompagné de ses quatre premiers disciples qu’il vient juste d’appeler, Jésus passe une journée à Capharnaüm. Pas n’importe quelle journée, c’est le jour du sabbat, jour de repos, de prière et d’écoute de la Parole de Dieu pour les Juifs. Après avoir enseigné avec autorité et avoir libéré une personne possédée des esprits mauvais (cf. dimanche dernier), le voilà qu’il sort de la synagogue et se rend à deux pas chez les frères Simon et André (cf. Messe d’action de grâce pour l’élection de Benoît XVI, successeur de Pierre - Pèlerinage en Terre Sainte).

On amène Jésus auprès de la belle-mère de Simon qui, fiévreuse, est au lit. Jésus, certainement touché par la souffrance de cette femme, la guérit immédiatement, sans rien dire, par un simple geste de compassion : Il l’aide à se lever en lui prenant la main. « Se lever » : nous avons là le mouvement même de la résurrection.

Même le soir, donc après le sabbat, Jésus continue son œuvre de guérison. En effet, la nouvelle de la guérison de la belle-mère de Simon s’est répandue dans toute la ville. Aussi, « il guérit toutes sortes de malades et chasse beaucoup d’esprits mauvais ».

Ces miracles sont des signes par lesquels Jésus atteste en sa Personne la présence du Règne de Dieu. Jésus accomplit ce qu’il a proclamé au tout début : « Le règne de Dieu est tout proche ».

Quel est, au fait, le règne de Dieu ? « Le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » affirme saint Paul dans sa lettre aux Romains (Rm 14, 17). Le règne de Dieu est le règne de l’amour de Dieu, cet amour venu du Père que le Fils nous communique. Rappelez-vous lors du baptême de Jésus : du ciel, on entend : « C’est toi mon Fils bien aimé, en toi j’ai mis ton mon amour » (Mc 1, 11). Cette communication de l’amour est dynamique : Jésus guérit la belle-mère de Pierre qui se met aussitôt à servir : « la fièvre la quitta, et elle les servait ». Délivrés de tout mal, nous pouvons aisément rendre service. Paul lui-même, touché par la grâce de Dieu, s’est fait « le serviteur de tous » (1 Co 9, 22) ; nous l’avons entendu tout à l’heure.

Voici ce que nous dit Benoît XVI : « Dans ma première encyclique, je désire parler de l’amour dont Dieu nous comble et que nous devons communiquer aux autres ».

 

Puis, le lendemain au petit matin, Jésus se retire dans le désert pour prier, avant de poursuivre sa mission. Jésus nous montre la route à suivre : il n’y a pas de mission sans prière. La prière, c’est le temps de l’intériorité, le temps privilégié de la rencontre avec le Père. Quelle place dans nos journées donnons-nous à cette rencontre intime avec le Père, source de tout amour ? Aimer, c’est se savoir aimer et c’est donc autant servir concrètement les autres que rendre grâce à Dieu pour l’amour qu’il nous comble. Attention à l’activisme de nos vies ! « La prière comme moyen pour puiser toujours à nouveau la force du Christ devient ici une urgence tout à fait concrète » nous dit Benoît XVI. «  Le moment est venu d’affirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme dominant de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif ». S’il y a la prière personnelle, il y a aussi la prière communautaire en Église. Jésus ne fréquente les synagogues. La prière communautaire par excellence est la messe dominicale que nous célébrons. Si l’Église veut devenir ce qu’elle est appelée à être : « vivre l’amour et faire entrer la lumière de Dieu dans le monde », elle doit pour cela vivre de l’Eucharistie.

 

« Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle, car c’est pour cela que je suis sorti ». Jésus n’est pas un casanier, c’est un itinérant. Quand les disciples lui disent : « Tout le monde te cherche », il préfère partir ailleurs. Jésus n’appartient à personne, il nous échappe. La Bonne Nouvelle qu’il proclame n’est réservé à aucun groupe particulier, elle est destinée à tous : le salut est pour tous. Et nous, comment envisageons-nous l’évangélisation ? Avons-nous le souci de proclamer à tous, par nos paroles et nos actes, la Bonne Nouvelle de Jésus Sauveur ? La communauté chrétienne que nous formons annonce-t-elle vraiment la foi qui l’anime. Faisons donc nôtres les paroles de Paul dans sa lettre aux Corinthiens : « annoncer l’évangile […], c’est une nécessité qui s’annonce à moi ; malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !  ». Nous sommes donc, et c’est notre vocation première, responsables de l’évangélisation. La première façon d’annoncer l’évangile, c’est bien sûr d’en vivre, d’en être les témoins. « Le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre l’Évangile » déclare Paul.

Finalement nous retrouvons les trois dimensions constitutives de la vie chrétienne, de la vie ecclésiale : la charité, la prière et l’évangélisation (annonce de la foi). Une communauté locale est vraiment d’Église si elle accepte d’être une communauté aimante, priante et missionnaire. Aucune de ces dimensions n’est facultative ni pour chacun ni pour la communauté.

Pour terminer, je cite Mgr Rouet à propos de la mise en place des communautés locales : « Il ne s’agit pas d’abord de faire marcher une nouvelle structure. Il s’agit de répandre, au milieu des hommes qui vous entourent, la vie, l’amour, le goût de l’Évangile (on « sel ») et d’apporter dans la vie de la communauté les joies et les peines de ces hommes : c’est le pain de notre prière.

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